Doublement, vous avez dit doublement ?

Publié le par perdir01

Petite question en guise de préambule : Doublement ou redoublement ?

Pour ma part j’ai toujours eu du mal avec ce terme. Quand je l’entends je pense plutôt à une troisième année dans une même classe puisqu’on re-double… A croire que deux ans dans un même niveau ne suffisent pas !

 

Ce sujet revient au centre de l’actualité avec cette décision de l’inspecteur d’académie du Calvados qui a introduit un bonus malus aux collèges de son département sur la base du taux de doublement. Si cela reste globalement une décision à la marge puisque la démarche touche un volant de 170 heures sur un total départemental de plus de 30 000 heures (0.6%) elle choque sur plusieurs points.

 

Le principe du malus heurte les esprits. La sanction positive a beaucoup plus d’effet que celle négative. Par ailleurs ce que retiennent les médias c’est bien ce point et non son pendant qu’est la sur-dotation d’autres établissements…

 

Ce qui gêne également est l’effet de « surprise ». Les établissements ont découvert cet élément lorsqu’ils ont reçu leur dotation. Il n’y a pas une d’annonce préalable. Ce n’est pas très correct.

 

Cette démarche a malgré tout, selon moi, un mérite : celui de ramener dans l’actualité la question du doublement.

Ce n’est pas tellement de savoir si c’est pertinent de proposer le doublement, de nombreuses études montrent que ce n’est pas le cas. Il est possible d’en trouver en plusieurs lieux du net ![i]

 

Non, la problématique est plutôt de convaincre les acteurs de proximité que sont à la fois les enseignants et les familles.

 

J’ai un souvenir douloureux d’assemblée plénière de fin d’année au cours de laquelle j’ai été fortement mis en cause pour mon laxisme dans les décisions de doublement ! Voulant convaincre j’ai repris des arguments développés dans ces différents travaux. Echec quasi complet. Trop généraux, trop lointains…

 

Touché dans mes convictions, dès la rentrée suivante, j’ai entamé un travail de suivi des doublants dans l’établissement. Au terme de l’année je présente mes constats qui rejoignent, oh surprise, ceux de ces études. La proximité de l’observation calme les « attaques personnelles » mais ne fait pas vraiment évoluer les positions des enseignants. Malgré tout comme ils n’ont pas de propositions alternatives, faute de mieux donc ils admettent mieux mes décisions…

 

Il n’en demeure pas moins que je suis fortement chagriné par des taux d’élèves de sixièmes en décalage d’un an ou deux de 15 à 20% ! Quand on ajoute « l’effet collège », le taux atteint les 25 à 30%... Dernière couche avec la classe de seconde, là on frôle la faillite avec prêt d’un élève sur cinq qui fait du surplace à l’entrée du lycée !

 

Pour reprendre une remarque d’un inspecteur général : « qu’elle structure peut survivre avec un tel taux d’échec : l’Education Nationale ! »

 

La route est encore longue mais je ne désespère pas que nous évoluions pour mieux faire progresser nos jeunes…



[i] Haut Conseil de l’Evaluation, 2007 -  Éducation & formations − n° 70 − décembre 2004, Philippe Perrenoud, 1996 -  Denis Meuret. IREDU. 2007, par exemple 

Publié dans Education

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